Myriam, sparring Partner : « Après l’orage, le soleil. »

par | Juin 8, 2021 | 0 commentaires

Myriam est une femme géniale. Une sparring partner qui exerce dans l’ombre pour aider les dirigeants. Je suis ravie d’avoir pu échanger avec elle et de te faire découvrir un nouveau parcours entrepreneurial. Myriam s’est lancée alors qu’elle avait 52 ans et c’est génial d’avoir son point de vue. Elle donne beaucoup de clés sur ce qui la fait avancer, l’importance de la confiance et je suis heureuse de pouvoir te partager ces leçons que j’ai prises avec elle.

Myriam fait partie des Vitaminés, mon cercle de responsabilités au sein du Cercle des Créateurs fondé par Killian Tallin. J’ai adoré cette discussion avec elle. J’ai adoré parler de toutes ces passions et de comment elle organise sa vie autour de ses enfants, autour de tout ce qu’elle fait à côté. Et d’ailleurs, elle va prochainement sortir un podcast dont tu me diras des nouvelles parce qu’il s’annonce vraiment topissime. Myriam donne aussi beaucoup de clés sur ce qui la fait avancer, l’importance de la confiance et je suis heureuse de pouvoir te partager ces leçons que j’ai prises avec elle.

Présentation de Myriam

Bonjour Myriam, pour les personnes qui ne te connaîtraient pas, est-ce que tu peux commencer par te présenter rapidement ?

Rapidement ça ne va pas être facile mais je vais essayer d’être hyper synthétique. Je m’appelle Myriam Multigner. Qui veut dire en latin multi ignare, je suis très fière de porter cette ignorance, qui m’amène du coup à vouloir toujours la dépasser.
J’ai 58 ans. J’ai 3 enfants. Des êtres absolument délicieux qui m’enchantent tous les jours : Morgane 26 ans, Paul 24 ans et Mathis 18 ans. Je suis divorcée depuis une dizaine d’années, qui est aussi une autre expérience de ma vie. J’ai été pendant 35 ans salariée après de dirigeants en les accompagnant notamment sur leur communication, la communication d’entreprise, et sur la transformation numérique dans l’univers des médias, de la grande consommation, de la télévision et dans l’univers politique. Et puis il y a 2 ans, j’ai décidé de me lancer pleinement dans mon aventure entrepreneuriale, en créant mon cabinet de conseil. Avec une volonté qui est d’accompagner de l’extérieur les dirigeants, non pas comme une coach mais comme une sparring partner.

Le métier de sparring partner

Est-ce que tu peux expliquer ce que c’est ? C’est quand même un métier qui est beaucoup dans l’ombre du dirigeant, en quoi ça consiste vraiment ?

Comme tu le dis très justement c’est un métier de l’ombre. Donc déjà, il faut aimer être dans l’ombre. Et aimer être dans l’ombre suppose aimer mettre l’autre dans la lumière, et ça c’est ce qui a accompagné ma vie depuis que je suis toute petite. J’ai toujours aimé mettre les autres dans la lumière et du coup ça m’a aidé à aller à leur rencontre et essayer de comprendre qui j’avais en face de moi, m’y intéresser et avoir envie de mettre dans la lumière ceux qui me semblaient le plus lumineux.

En fait sparring partner, contrairement au métier de coach, c’est partir du principe que sa méthode repose essentiellement sur la personne que vous accompagnez. Donc c’est en fait une forme d’art du questionnement. C’est-à-dire comment interroger ce dirigeant qui est souvent d’une grande pudeur et souvent très habité par l’idée que se dévoiler c’est se mettre en risque. Donc l’amener à parler de lui, parler d’elle pour qu’on puisse tirer les fils, un peu comme un entraînement sportif, permettre au dirigeant de pouvoir utiliser au maximum tout son potentiel. Avec une idée très importante aujourd’hui qui est de les ramener au maximum vers leur alignement.
Parce que j’ai constaté trop de fois, et d’ailleurs ils sont les premiers à me le dire, que diriger aujourd’hui, ce n’est pas forcément la façon dont ils avaient souhaité mener à bien cette mission. Parce que c’est une vraie mission de diriger. Du coup c’est les ramener vers eux-mêmes, vers elles-mêmes, avec un vrai travail à la fois d’écoute, de questionnement et puis je les bouscule beaucoup. C’est pour ça qu’un peu comme un entraineur sportif, je bouscule.

Un métier créé ou choisi ?

Est-ce que c’est quelque chose qui t’es un peu tombé dessus ou est-ce que c’est un métier que tu as appris à découvrir , ou que tu as créés de toute pièce ?

C’est une bonne question parce que c’est en fait un mélange de tout cela. Très tôt je me suis retrouvée à accompagner un dirigeant alors que j’étais particulièrement jeune. Et j’ai été assez frappée de voir à quel point ce dirigeant m’écoutait dans mon espèce de folie parce que c’est vrai que ma grande force depuis que je suis très jeune, c’est que je n’ai pas peur de dire. Et du coup ça m’a amené à exprimer mes idées, ma créativité et d’avoir la chance de rencontrer des dirigeants qui ont été très réceptifs. Et il n’y a qu’un pas pour leur dire que la façon dont ils se sont exprimés ne te semble pas juste, qu’ils ont peut-être fait une connerie à moyen terme en agissant ainsi, on sent qu’en interne, les collaborateurs commencent à ne pas comprendre telle décision ou telle ou telle action. Là où beaucoup de membres de comité de direction ou de COMEX, n’arrivaient pas à exprimer tout cela auprès du dirigeant. Moi j’ai pris ce risque assez jeune, parce qu’encore une fois j’ai eu cette écoute.

Et bon an, mal an, je me suis retrouvée à être très souvent à être confrontée à ce rôle, que j’adorais d’ailleurs, qui était de dire ce que les autres n’osaient pas dire. Et du coup à conseiller ces fameux dirigeants avec une espèce de fraîcheur et d’authenticité qui m’a permis de tracer ce chemin vers cette mission de sparring partner. Que je n’ai pas inventé, qui n’est pas sorti du chapeau, c’est Jean-Pierre Elkabbach qui présidait la chaîne Public Sénat en même temps qu’il était président d’Europe 1, après avoir été président de France Télévisions. Au moment où il quitte la chaîne, il dit « Myriam je voudrais vous voir. », il me dit : « Vous n’êtes pas une coach, vous êtes une véritable sparring partner.  » Et c’est comme ça que bon an mal an, je suis allée voir dans le dictionnaire ce que voulait dire ce mot, et je me suis dit mais c’est dingue ! Ça m’a énormément touché et du coup effectivement, j’ai créé cette activité en ayant entendu de la part d’un dirigeant ce mot, qui tout d’un coup faisait sens pour moi.

Est-ce que tu étais déléguée de classe quand tu étais à l’école ?

Non, je n’étais pas déléguée de classe. En revanche, j’étais celle qui , de là 11ème jusqu’à mes études supérieures, était souvent au premier rang parce que je ne suis pas très grande. À partir de moment où j’ai été en classe, je me disais que j’avais besoin de bien entendre ce qui était dit. Et toutes les questions les plus idiotes entre guillemets, considérées par les autres comme étant les plus idiotes qui soient parce qu’a priori on ne pose pas cette question tellement elle est évidente ; j’avais tendance effectivement à les poser.
Et ce qui est fou c’est que j’ai jamais eu peur de poser des questions. Je n’ai jamais eu peur de relever des défis qui étaient de défendre une camarade qui n’était pas forcement bien traité par les uns et les autres. J’ai toujours détesté l’injustice. Et c’est vrai que bien que j’étais, encore une fois, pas de petite taille, mais pas grande parce que je faisais partie des plus petites de la classe, en plus j’étais très menue ; mais j’avais un caractère assez fort et je défendais un peu la veuve et l’orphelin.

Devenir entrepreneure à 55 ans

Et est-ce que c’est cette force qui fait que tu as décidé de te lancer à 55 ans, là où beaucoup de gens considèreraient que c’est trop tard ?

Je pense que cette force me vient d’un moment absolument clé dans ma vie : c’est que j’ai eu un très très grave accident à l’âge de 13 ans. Qui a failli me condamner à finir dans une chaise roulante parce que j’ai eu une triple fracture avec le cartilage de croissance qui était touché au niveau de la jambe. Et les médecins me condamnaient à ne plus pouvoir grandir de cette jambe alors que j’étais amenée encore à croître. Il s’avère qu’une histoire absolument incroyable m’est arrivée.

Mes parents m’ont emmenés d’urgence dans un cabinet médical de montagne, parce que ça m’est arrivé à la montagne. Et là le médecin, spécialiste de la réduction des fractures dit à mes parents : « Il y a deux solutions, soit vous l’emmenez tout de suite à l’hôpital et elle sera endormie, anesthésie générale, et on l’ouvrira pour réduire ses fractures. Soit je lui fait là, dans mon cabinet, une anesthésie locale, et je tente de lui réduire ses fractures à la main. » Et là mes parents, se tournent vers moi et me demandent à 13 ans, ce que je choisis. Et là je me retrouve confrontée à un choix, auquel on est normalement jamais confronté quand on a ses âges là. C’est souvent les parents qui décident pour vous. Et c’est le plus beau cadeau que je pense ma mère et mon père m’ont fait, parce qu’ils m’ont mis face à mes choix et j’ai fait un choix qui s’est avéré étant extrêmement juste. Qui a évidemment consolidé ma confiance de façon extraordinaire.
J’ai dit que je voulais tout voir, que je souhaitais que ce soit ce médecin qui était face à moi et en qui j’avais confiance qui réduise mes fractures. J’ai accepté la douleur de l’anesthésie locale et de voir ce qu’il allait faire.
Il s’y est repris à 7 fois et il a fait un travail tellement extraordinaire que les plus grands médecins de Paris qui m’ont suivi par la suite, parce que ça a été une très très longue rééducation, m’ont dit que ces fractures avaient été réduites par un orfèvre et que c’était vraiment de l’ordre du miracle.

Et en fait quand à 13 ans vous avez la possibilité d’un tel choix qui peut faire basculer votre vie et que vous faites le bon, ça vous donne une telle force que vous vous dites que quelque soient les choix que vous ferez, il y a de grandes chances qu’ils soient juste parce qu’ils résonnent en vous. Donc je ne pense pas que ce soit une question d’âge, c’est une question de moment. Vous êtes prêts, cette décision s’offre à vous, je ne dirai pas que c’est facile pour moi de la prendre, mais elle s’offre de façon assez claire. Donc quand je prends cette décision elle est claire.

La confiance pour moteur

Un peu comme si c’est celle qui te paraissait la plus évidente en fait.

La plus évidente, et même comme j’allais dire un cadeau du ciel. C’est l’évidence, ça ne peut être que cela. Allons-y. Et c’est vrai que le mot confiance m’habite depuis l’âge de 13 ans. C’est mon amie. C’est ma petite fée. Qui me permet de pouvoir faire des choix qui peuvent paraître compliqués.

Et au final, ça reste maintenant le cœur de ton activité parce que si tu n’arrives pas à obtenir la confiance du dirigeant, vous n’avancez pas.

Absolument. En fait tu as tout compris Lauriane. La confiance, l’énergie de la confiance, c’est ce qui rend le champs des possibles, presque infini. Regarde l’enfant, l’enfant arrive sur Terre et fait naturellement confiance en ses parents. Nous sommes nés avec cette capacité et cette énergie. Et je pense que la difficulté de l’adulte c’est de ne pas la perdre et au contraire c’est de la cultiver. Moi j’ai eu cette chance là et je continue évidemment de la cultiver. Ce qui me donne une grande confiance dans l’accompagnement des dirigeants puisque c’est vrai que ma méthode, m’amène à rebattre les cartes en permanence, à faire avec ce que le dirigeant ou la dirigeante veut bien me donner au moment où il me le donne, et néanmoins à essayer de résoudre des équations avec eux. Ça donne le vertige à beaucoup, beaucoup de personnes lorsque j’en parle et moi au contraire, je me sens comme un poisson dans l’eau.

Organisation & quotidien d’entrepreneure

Je pense que je serai en panique.
D’un point de vue organisation, est-ce que tu fais partie des gens qui doivent totalement s’adapter aux emplois du temps de leurs clients ?

Non en fait, ce qui est assez formidable dans ma mission c’est que les dirigeants le vivent comme un véritable cadeau un peu hors du temps. Donc même si c’est un temps et une énergie qui va servir l’entreprise, qui est souvent sur le budget de l’entreprise, puisque c’est l’accompagnement de dirigeants. Ils considèrent que c’est un cadeau personnel. Puisqu’on travaille évidemment beaucoup l’aspect personnel qui va avoir une résonnance dans la vie professionnelle. En définitive, ça se fait assez naturellement, je ne me sens pas absolument pas contrainte par ni l’emploi du temps, ni une forme d’autorité de la part de mes clients. Parce que pour moi ce sont plutôt des êtres mes clients, que des dirigeants. Au sens où, lorsque je fais ce travail, je vais jusqu’à l’essence de ce qu’ils sont, de ce qu’elles sont et du coup, on touche plus à l’humanité, qu’au professionnel. Même si évidemment, ça a une résonnance dans la vie professionnelle qui est même très très puissante.

Tu l’as dit, tu as 3 enfants, mais ce que tu n’as pas dit c’est qu’en plus de t’être lancée en sparring partner, tu as monté un podcast qui va bientôt voir le jour, tu as été dans une association… tu fais plein de choses, c’est quoi le secret pour réussir à tout caler dans des journées de 24 heures ?

Alors déjà c’est avoir cette confiance, qui est que tu ne pourras pas forcément tout faire, mais si tu décides de le faire à un moment donné, tu peux aussi décider de l’arrêter à un autre moment. Je prends l’exemple de l’association dont j’ai été présidente pendant 2 ans : je me suis investie à fond parce que le combat me plaisait. C’était un combat pour promouvoir les métiers du numérique auprès des jeunes filles. J’ai donné 2 ans de mon temps et au bout de 2 ans, j’ai estimé que j’avais donné ma part, qu’il était temps que je passe à autre chose.
Néanmoins cette notion de transmission était importante pour moi et c’est vrai qu’aujourd’hui, je me consacre plus à ce métier de sparring partner de dirigeants parce que d’abord, la COVID nous a mis tous dans cette immense vulnérabilité. on attend des dirigeants qu’ils arrivent à résoudre tous les problèmes. Ils sont submergés d’équation à résoudre. Ils sont aussi un peu en perdition par rapport à leur propre sens, par rapport à leur alignement. Et donc c’est la raison pour laquelle, j’ai décidé d’arrêter mon engagement au sein de l’association pour pouvoir me consacrer aux dirigeants.
Dans le même temps, je suis très touchée et même très sensible à la jeunesse. J’estime que c’est vers elle qu’il faut se tourner aujourd’hui pour leur laisser à la fois la place et l’espoir. Et du coup, je donne des cours au sein d’un MBA, et c’est vrai que je suis très investie auprès de ces étudiants, parce que je sens leur forme de désarroi, ils me le disent. Je sens leur isolement, je sens leurs difficultés à se projeter dans un monde dont on ne sait absolument pas où il va nous mener. Alors que c’est à eux de le construire, voire de le reconstruire. Donc là typiquement, j’ai déplacé mon énergie de l’association vers cette transmission et vers cet échange avec les jeunes où je me sens extrêmement utile.

Donc en fait, pour répondre à ta question de l’organisation, je ne me la pose pas. Il y a des jours où tout est fluide, et puis des jours où il y a plein d’embouteillages, où je me dis que je ne vais pas y arriver, et voilà, je le dis. Je dépose beaucoup de choses en fait. Et quand je ne peux pas, je dis je ne peux pas. Et puis il m’arrive aussi de pleurer parce qu’il y a des moments où je me dis j’y arriverai pas. Et puis une fois que j’ai pleuré, il y a le ciel bleu qui arrive quoi. Un peu comme dans la vraie vie, dans la vraie nature. En fait ce qu’on vit, nos énergies, c’est celles de la nature. Donc après l’orage, le soleil.

Équilibre vie professionnelle / vie personnelle

Comment tu fais pour séparer vie professionnelle et vie personnelle, que ce soit toi en tant qu’entrepreneure, mais aussi quand tu travailles avec des dirigeants puisque du coup tu dis que tu vas à l’essence même de qui ils sont, donc c’est vraiment entrer dans la sphère perso non ?

Oui. Alors ça c’est un exercice… je pense que c’est une forme de don, que je n’ai pas eu le sentiment d’avoir appris, ni dans une formation ni à l’école, ni-même dans ma vie professionnelle. C’est cette capacité à créer une frontière entre ce que j’entends, ce que je questionne, ce qui se dit dans mon bureau avec ces dirigeants. Et une fois que la porte est fermée, que la séance est terminée, je redeviens la personne que je suis. Il redevient ou elle redevient le ou la dirigeante et on est capable de parler de tout autre chose. Donc c’est un exercice qui est très aisé pour moi.

D’abord parce que je pense qu’on peut me faire confiance. Et le temps le montre. J’ai une grande capacité à garder les secrets. Non pas parce que j’aime particulièrement garder les secrets, mais j’ai une très grande conscience du cadeau que ces dirigeants se font et me font en déposant ces vulnérabilités, ces questionnements, ces doutes. Et ça reste à la fois entre nous, et c’est la matière sur laquelle on travaille pour faire dépoter leur business, les amener à travailler cet alignement qui est d’une puissance incroyable lorsqu’ils arrivent à aller jusqu’au bout. Et c’est possible. Et quand on commence à y goûter on a pas envie d’arrêter parce qu’en fait se reconnecter à soi c’est tellement bon. Et ça ne veut pas dire que vous allez chambouler toutes vos stratégies, ça veut dire que vous allez donnerà votre stratégie du sens. Et que comme cette stratégie a du sens, vous allez pouvoir exprimer auprès de vos collaborateurs, ce sens qui va faire sens pour les collaborateurs, ou pas. Du coup ce sera plus facile pour les collaborateurs de se positionner et du coup eux-mêmes de se poser la question du sens. On ne mesure pas à quel point le dirigeant a un rôle capital et primordial en tant que pilote, ça on le sait. Mais même dans l’énergie qui va circuler au sein de l’entreprise. Il y a une image qui n’est pas très jolie mais que je trouve extrêmement parlante : le poisson pourrit toujours pas la tête. C’est vrai que j’aime bien prendre mes inspirations dans la nature et c’est vrai que le poisson pourrit toujours par la tête. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la responsabilité du dirigeant pour que l’entreprise vive, elle passera par lui, par son énergie, par qui il est, par ses valeurs, et par la façon dont il agit.

Les rendez-vous sparring partner : une bulle de temps

Donc ça veut dire que venir travailler avec toi, il y a ce moment où vous allez faire une séance qui va être un peu comme une bulle de temps, et en fait tu as tellement réussi à créer un lien de confiance que la personne se sent assez bien pour laisser passer sa vulnérabilité et savoir que à partir du moment où il sortira de cette bulle. Rien ne sortira de cette bulle, dans le sens où tu ne divulgueras bien et tu vas juste te servir de tout ce qu’il a déposé dans cette bulle pour l’aider à progresser.

Absolument.

Et cette espèce de bulle, tu l’appliques à toi aussi ? Dans le sens où est-ce que ton travail c’est une bulle et ensuite tu la quittes et rien de ce qui se passe dans le travail ne vient impacter ta vie avec tes enfants par exemple ?

Je parle relativement peu de mon travail à mes enfants, sauf quand ils me posent des questions. Ce que je partage avec eux c’est mes joies, c’est mes réussites. Quand j’essaie pour mon podcast d’avoir des dirigeants que je cherche à contacter, dont j’essaie d’obtenir l’aval depuis des mois et que je l’obtiens, je ne peux pas ne pas le partager avec mes enfants. Mais en revanche, tout ce qui relève des problématiques que je rencontre, j’en parle peu, ni à mes enfants, ni à mes amis. En revanche ce qui est vrai c’est que lorsque j’échange avec un dirigeant qui se pose la question de cet accompagnement, je vais très souvent utiliser des situations que j’ai rencontrées avec les autres dirigeants, pour pouvoir leur montrer quel est le chemin parcouru entre un point A et un point B. Il est vrai que cette confiance qu’ils m’accordent, elle est indispensable parce que c’est ce qui va leur permettre de pouvoir me donner de la matière pour les aider à avancer. Il n’y a pas une séance qui ne se termine par des actions à mener pour permettre aux dirigeants de pouvoir transformer ce qui s’est dit en actions, et mesurer que tout le travail qu’il est en train et qu’elle est en train de faire, produit des effets et apporte son lot de résultats extrêmement tangibles.

Fierté, conseils et recommandations

Fierté d’une sparring partner

C’est quoi la plus grande fierté dans ton business ?

C’est quand j’ai une dirigeante, ça m’est arrivé il n’y a pas très longtemps, qui rentre, on démarre la séance, elle est au fond du trou. Elle me dit qu’elle n’en peut plus, qu’elle est épuisée, que ça a été une semaine épouvantable. Au bout de 2 heures (les séances font 2 heures), elle est rayonnante, elle a les yeux qui brillent et me dit : « merci, merci, merci. » Et en fait c’est à elle, qu’il serait juste qu’elle dise merci. C’est d’ailleurs ce que je lui dit. Et elle me dit « Je me sens tellement allégée. « C’est le délice de pourvoir mener une mission qui me remplit de joie parce qu’elle remplit de joie les personnes que j’accompagne. Là je me sens à ma juste place, je me sens pleinement à la fois épanouie, forte, c’est délicieux. C’est trop bon.

Je crois que je n’ai pas besoin de te demander comment tu cultives la joie au quotidien. C’est à chaque fois que tu rencontres un dirigeant ?

C’est à chaque fois que je rencontre un dirigeant ou une dirigeante parce que je travaille beaucoup avec les femmes, que je trouve beaucoup plus réceptive à cette démarche. Mais je vois bien que les hommes commencent aussi à faire ce pas. En fait dès que je me sens utile, dès que je sens que les fils se dénouent. C’est le moment je pense le plus jouissif pour moi parce que je sens qu’il y a du mouvement, parce que je sens que c’est un joli mouvement, parce que je vois aussi l’autre s’ouvrir, se remplir de lumière. Et moi ça me fait un bien fou.

Promouvoir son métier de sparring partner

Quel est le plus gros écueil que tu aies rencontré dans ton business, et surtout comment tu as réussi à le surmonter ?

Ce qui est très difficile dans mon business c’est qu’étant donné que je suis sur une démarche extrêmement confidentielle, à chaque fois que je termine une mission avec un dirigeant et que je dois envisager celle d’après, je ne peux pas faire de prospection par moi-même. C’est un marché totalement caché. Un dirigeant ne va pas aller dire à un autre dirigeant qu’il a fait appel à un sparring partner. Donc la grosse difficulté, c’est d’arriver à faire savoir de façon extrêmement subtile, discrète, la raison d’être de ma mission. Pour pouvoir croiser le chemin des dirigeants qui vont être intéressés par la démarche, tout en ayant pas une démarche pro-active. Donc c’est d’essayer de trouver les moyens les plus subtils ; et je suis très sensible à la notion de subtilité, je déteste la grossièreté commerciale ; pour arriver à évangéliser le nécessaire chemin que doivent faire les dirigeants vers eux-mêmes. Et en même temps la difficulté, qui est un véritable écueil, c’est comment je développe mon business, parce que ça reste une business, même si c’est un business rempli de valeurs.

Comment j’ai réussi ?
Alors déjà, pour moi je n’ai pas encore complètement réussi. Je pense que mon allié ‘et le temps. Qu’il me faut être patiente, ce qui n’est pas forcément ma qualité première. J’ai la confiance, ce qui est super important, dans ces moments-là où j’ai peut-être des moments un peu de doute, j’ai mon amie la confiance qui se rappelle à moi et qui me dit : « Confiance, confiance, ça va venir. ». Et puis ça vient. Et puis c’est vrai que quand je vois qu’il ne se passe pas beaucoup de choses, et que ça ne bouge pas assez, je vais ouvrir une autre porte, qui va être éventuellement d’accompagner une amie sur une mission qu’elle a. Ça va être de partir voyager un petit peu (en ce moment c’est un peu compliqué, mais je ne désespère pas d’y retourner.). De prendre un super bouquin, d’écouter des podcasts…

Il y a une femme que j’écoute énormément parce que je la sens tellement juste et tellement puissante dans ce qu’elle dévoile du monde qu’on a à construire. C’est Cynthia Fleury, qui est philosophe et psychanalyste, qui est une femme brillantissime. Qui a écrit notamment un petit manifeste qui s’appelle : « Le soin est un humanisme. ». Donc je passe pas mal de temps aussi à me nourrir dans ces périodes.

Est-ce que cette personne dont tu parles a un podcast ?

Non elle n’a pas de podcast à ma connaissance, mais elle intervient énormément, dans tous les médias. Elle dirige aussi une chaire à l’hôpital pour essayer d’accompagner au mieux les soignants et bien montrer la différence entre prendre soin et soigner. En fait elle est intervenue pendant le confinement sur quasiment tous les grands médias. Elle avait envisagé de faire une formation autour du prendre soin, mais je crois qu’avec la COVID, ça a été un peu remis en question et reporté. Elle est à suivre cette femme. Et elle vient d’écrire un livre qui s’appelle : « Ci-gît l’amer. » et qui montre à quel point le combat de notre société va être de ne pas tomber dans la généralisation du ressentiment qui est la pire énergie qui soit, pour bâtir un nouveau monde. Comment faire l’expérience pour que ce ressentiment ne nous habite pas. Ou en tout cas le moins possible.

Les conseils de Myriam

Est-ce que tu aurais des conseils pour des gens qui hésitent à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Alors le seul conseil que je pourrais donner, c’est d’écouter son coeur. Parce que je pense que l’entrepreneuriat c’est un choix de coeur. Je pense qu’il ne faut pas forcément chercher à savoir tout ce qui va nous arriver parce que sinon on ne passe pas le cap. C’est quand même être très sensible à cette notion de liberté. Parce que je pense que l’entrepreneuriat nous apporte cela. Qui peut aussi être extrêmement difficile à accompagner. Parce que qui dit liberté dit que vous avez un cadre à créer vous-même. C’est extrêmement compliqué parfois.

Il y a aussi la solitude qui vient s’inviter dans cette liberté. L’attente. Et en même temps, je pense que l’énergie dans laquelle le monde est en train d’aller, va permettre à de plus en plus de personnes de tous âges, de pouvoir écouter justement son coeur et d’entreprendre sa vie au sens le plus large qui soit. Et dans entreprendre sa vie, il y aura aussi je pense entreprendre sont travail. Et c’est rigolo parce que je me souviens, j’avais une discussion avec mes collaboratrices il y a une dizaine d’années, et je leur avais donné ma vision du monde du travail en leur disant : « Vous verrez, les entreprises vont énormément réduire leurs effectifs en interne, pour garder en interne que les missions qui sont très structurelles et indispensables à l’entreprise. Et vont aller chercher la créativité, l’innovation à l’extérieur, parce que ça apporte beaucoup de souplesse, beaucoup de renouveau et que la formation ça coûte cher. » Et je pense qu’on va aller de plus en plus vers ce principe qui est que les structures vont avoir en leurs seins plutôt les fonctions administratives et commerciales et vont aller chercher à l’extérieur, donc auprès de tous ces entrepreneurs, en fonction de leurs besoins, telle ou telle compétences. Donc je crois énormément, énormément au développement de l’entreprenariat.

Merci Myriam.

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