Maud : « Il n’y aura jamais de bon moment »

par | Mar 2, 2021 | 0 commentaires

Est-ce que c’est normal de douter ?
Est-ce que je peux être entrepreneure si je n’ai pas encore découvert mon pourquoi ?
Est-ce que c’est normal que parfois je n’ai plus du tout d’inspiration ou plus du tout envie de travailler ? Aujourd’hui j’accueille Maud. et avec Maud on va parler de tout ça.

Présentation de Maud

Tu ne le sais pas encore mais Maud, tu la connais déjà, c’est elle qui a réalisé l’illustration du podcast Apprentie Entrepreneure dont tu lis la retranscription.

J’ai connu Maud parce que nous sommes toutes les deux dans le Cercle des Créateurs de Killian Tallin. Plus précisément, nous sommes membres des Vitaminés, notre groupe de responsabilités. Nous sommes 7 et nous nous retrouvons toutes les semaines pour discuter entrepreneuriat, pour partager nos questionnements, nos doutes, bref pour se sentir soutenus dans notre aventure.
Je suis vraiment heureuse de te présenter cet entretien avec Maud.
Dans cet entretien nous allons parler de doute, du pourquoi, de créativité, d’inspirations. Maud va nous raconter comment elle fait pour travailler son dessin et pour s’améliorer.

Pour les gens qui auraient oublié que tu es la merveilleuse personne qui a réalisé l’illustration de la saison 2 de podcast, est-ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?

Je m’appelle Maud, je suis illustratrice à temps plein depuis septembre 2020. Ton podcast s’appelle Apprentie Entrepreneure et on peut dire que cette année je suis vraiment en mode apprentie illustratrice. Parce que j’ai commencé l’illustration depuis 2 ou 3 ans mais maintenant que je suis à temps plein, je me forme et je me considère encore en apprentissage.

Ses débuts d’illustratrice

Pourquoi tu as décidé de te lancer en illustratrice à temps plein ?

Ça fait 2-3 ans que je me suis remise à dessiner. Peu à peu je me suis rendue compte que j’avais envie d’en faire plus qu’un simple hobby qui permettait de me détendre. En en parlant autour de moi je me suis rendue compte qu’il y avait des besoins et j’ai commencé à faire des commandes comme ça. Et ça m’a beaucoup plu, j’ai eu une immense fierté quand j’ai eu la première illustration qui a été affichée sur la vitrine d’un chocolatier parisien. C’était hyper concret en fait. Pour contextualiser, à cette époque j’étais dans une maison de joaillerie en CRM, donc plutôt webmarketing. J’explorais une autre facette de ma personnalité, plus dans la créativité. Et comme je m’éclatais, ça a fait son petit bout de chemin où je me suis dit : « J’ai vraiment envie de tenter un truc. » Après ça a été des longues discussions. Ce n’est pas quelque chose qui est venu du jour au lendemain vu que ça faisait 2-3 ans que je m’étais remise à dessiner. Il fallait que ça mûrisse de mon côté, qu’il y ait des discussions avec mon entreprise. Et là du coup depuis septembre, je suis à temps plein auto-entrepreneure là dessus. Donc autant je me forme sur le dessin et sur le monde de l’illustration. Et en parallèle, je me forme à l’administratif, tout ça, tous les trucs qu’on adore de l’entrepreneuriat.

Comment tu as appris à dessiner, et à partir de quand tu as arrêté de dessiner ?

Le dessin c’est quelque chose que j’aimais beaucoup quand j’étais au collège et au lycée. Je ne sais pas si on l’a dit mais aujourd’hui j’ai 29 ans, donc j’ai travaillé 5 ans en entreprise. Et en fait, on va dire qu’à partir du moment où j’étais en études supérieures après le lycée, je dessinais un petit peu de temps en temps mais pas beaucoup. Alors qu’au lycée, je prenais des cours et je dessinais un peu. À cette époque, c’est quelque chose qui me plaisait beaucoup, mais ce n’est pas quelque chose dans lequel je pouvais imaginer qu’on pouvait gagner sa vie. Et j’avais l’impression de ne pas avoir LE don, le fameux don dont on parle alors qu’en fait c’est totalement faux. Quand on kiffe un truc, il faut y aller à fond et puis il faut cumuler les kilométrages de dessin pour progresser. Entre ma prépa, l’école de commerce et après c’est quand je suis arrivée dans le monde de l’entreprise, c’est là que j’ai finalement recommencé à dessiner.
Pourquoi j’ai arrêté ? J’étais plutôt à fond sur les études. Je continuais à faire des choses un peu créatives à côté, je pense que tous les métiers de la communication, du graphisme, du montage vidéo c’était des métiers qui m’intéressaient. Mais je le faisais comme ça, à côté, de manière très personnelle, pour les copains. Et puis pendant 1 an et demi / 2 ans, je me levais plus tôt le matin. Selon si je m’étais couchée tôt la veille, j’essayais de m’accorder 1 heure/ 1 heure et demi pour pouvoir dessiner et continuer de progresser. Et j’avais trop envie de continuer donc je me suis dit : « Ok, il y a un truc. Tu peux peut-être aller un peu plus loin. »

Un écosystème autour du dessin

Tu as commencé à créer tout un écosystème autour du dessin : ton compte Instagram sur lequel tu mets tes dessins, tu documentes tes projets en stories, tu as une newsletter et un blog où tu expliques différents types de dessin, comment trouver sa voie artistique, tes parents artistiques…. Pourquoi tu as décidé de créer tout ça alors que tu aurais pu rester dans ton coin à dessiner ?

Bonne question. En fait en parallèle de cette passion pour le dessin, j’adore partager. Je pense que ça donne du sens à ce que je fais. Vu que quand on est entrepreneur, surtout auto-entrepreneure, on est un peu isolé du reste du monde. Bon c’est un peu le cas pour tout le monde en ce moment. Mais je pense que j’avais vraiment besoin de partager et surtout j’aime bien passer à des choses qui sont un peu légères à des choses un peu plus profondes. Donc j’aime bien jongler entre ces deux choses : soit faire rire les gens, soit leur apprendre des choses. Surtout partager avec eux. Donc c’est quelque chose d’assez naturel. Rapidement, je savais que j’avais envie de faire un peu plus que juste poster mes dessins sur Instagram et ne rien raconter d’autres. Je me suis rendue compte que je m’éclate autant dans l’illustration que dans le contenu autour de cette passion. Par contre le coup de la newsletter pour le coup c’était ma copine Chloé qui voulait lancer sa newsletter qui m’a parlé de Killian, de Inspiration Créative. Je me suis dit : « C’est vrai que des newsletters avec vraiment du contenu intéressant pour les gens, je trouve ça hyper cool. » Et donc je me suis dit pourquoi pas moi, j’ai des trucs qui me trottent dans la tête. Donc je l’ai lancé mais ce qui est assez marrant, c’est qu’on apprend en marchant. Donc au fur et à mesure ça se structure. Et je sais que j’apprends beaucoup plus en faisant et en structurant les choses au fur et à mesure ; plutôt que de tout penser au millimètre carré en disant : « Vas-y mon Instagram il sera comme ça. ». En fait les choses se font très naturellement. Donc là, il y a eu la newsletter, je sais qu’à une époque, j’avais envie de faire un podcast. Je me suis rendue compte que c’était franchement beaucoup de boulot, d’ailleurs je suis vraiment admirative. Donc pour le moment, je me concentre sur mon Instagram., j’essaie de partager beaucoup de choses autour de l’illustration, du dessin, de comment trouver l’inspiration, et puis il y a la newsletter et puis après il y aura d’autres choses. Peut-être des vidéos mais voilà, j’essaie de ne pas trop m’éparpiller.

Il y a quand même déjà des petites vidéos super intéressantes sur ton compte Instagram.

Ouais. C’est gentil. À un moment je pensais beaucoup à Youtube mais on se rend compte que les réseaux sociaux ça pompe beaucoup d’énergie. Et à la base c’est un truc que j’aime bien donc je n’ai pas envie que ça se transforme en une corvée. Donc j’essaie plutôt de me concentrer sur Instagram et en effet, le support vidéo fonctionne super bien sur Instagram. Donc pourquoi pas rester pour le moment là, et après peut-être explorer d’autres trucs..
Note de Lauriane : c’est faux, elle lance sa chaîne Youtube en mars. 

Une démarche d’apprentissage

Mon podcast c’est Apprentie Entrepreneure et le principe c’est : je fais un petit pas de fourmi, j’avance tout doucement. Et dès que j’ai appris un truc, je viens expliquer dans le podcast ce que j’ai appris afin que les autres puissent apprendre avec moi. Et en fait, c’est exactement la démarche que tu as par rapport au dessin dans ta newsletter. Ou même dans tes stories sur Instagram., on suit tes progrès de sketching avec Skillshare. J’aime trop ce que tu fais autour de ça.
Dans l’enseignement, il se dit souvent que pour vérifier que tu as compris quelque chose, il faut que tu sois capable de l’enseigner. Qu’est-ce que tu retires d’être dans cette démarche de : je vais apprendre aux autres ce que j’ai appris ?

Chaque fois que je partage des choses, ce sont plutôt des contenus que j’aime bien. Ce que j’aime le plus, ce n’est pas d’avoir la pièce toute belle, finalisée où les traits et les couleurs sont parfaits. En fait ce qui intéresse le plus, parce que c’est comme ça qu’on apprend, c’est de voir les coulisses. C’est ce que je recherche particulièrement chez les artistes que je suis, donc je pense que naturellement, j’essaie de faire un peu la même chose. Je partage des choses qui moi, m’intéressent. Et j’explique ce que j’ai pu apprendre. C’est aussi, quand je suis des vidéos Youtube, de voir le quotidien de la personne et comment elle a décidé de penser son roman graphique. Et en fait tu ne te rends pas compte de toutes les étapes qu’il y a avant, qu’elle va se photoshooter pour avoir les photos de référence. Du coup je m’étais dit, cette année je veux être dans cette démarche de « je suis en apprentissage » et je veux que les gens voient cette évolution. Plutôt que d’avoir juste, enfin j’espère qu’un jour j’aurai une success story à vous raconter : mais ce qui est un peu frustrant parfois chez les gens, c’est que tu vois juste la fin quand ils ont percés. Et tu ne te rends pas compte que derrière il y a eu des années de galère. C’est souvent le cas. Et en fait ces années sont super riches en enseignement et on en parle un peu moins. Voilà c’est ma démarche. Mais c’est fait de manière assez naturelle. Là dernièrement je me suis rendue compte qu’il y a quelques contenus qui sont francophones mais pas tant que ça sur le fait de créer sa propre formation, à la maison. Je me rends compte qu’il y a déjà pas mal de choses qui existent aux États-Unis, ils poussent même les gens à apprendre par eux-mêmes. Par contre, on est un peu dépourvu en contenu francophone. Donc je me suis dit que je fais l’effort de trier certains trucs donc je me suis dit, autant partager ça. Même pour moi. Comme ça tout est à un endroit, donc autant que ce soit pratique pour d’autres personnes.

L’organisation de sa vie d’illustratrice

Tout à l’heure tu expliquais que dans ton parcours, il y a eu ce moment où tu t’étais remise à dessiner en même temps que tu travaillais. Et donc que tu te levais plus tôt pour t’accorder du temps de dessin. Maintenant que tu es à temps plein, comment tu organises tes journées pour dessiner tout en continuant d’apprendre ?

Je pense que c’est un des plus gros enseignements. Pour le coup, j’apprends au fur et à mesure. Quand je m’étais lancée en septembre je m’étais dit que je devais organiser super bien mes semaines. Le matin c’est dessin, l’après-midi c’est plutôt création de contenus ou cours.
Globalement, je me rends compte que ça ne fonctionne pas tout le temps que toutes les journées de la semaine soient les mêmes, avec les mêmes plages horaires. Parce que selon ton énergie, selon ton inspiration tu vas avoir plus ou moins envie de dessiner ou plus ou moins envie de faire un cours. Donc cette année, ces derniers mois, ce sont vraiment des phases de test. Je n’ai d’ailleurs jamais autant appris sur moi-même. Donc aujourd’hui, je sais que maintenant le matin, je m’accorde plus de temps que quand je travaillais pour faire me petits rituels. C’est-à-dire du yoga, prendre mon café tranquille, lire, donc en fait ce sont des choses qui n’ont rien à voir avec le dessin mais qui me font plaisir et qui sont à côté, aller me promener. En général quand même je dessine plutôt le matin, je sais qu’on dit qu’il faut plutôt faire les choses importantes le matin. Sauf si j’ai un truc que j’ai besoin de cocher dans ma tête, parce que je sais que c’est important mais que ça ne me fait pas super plaisir, genre l’administratif. Je me dis bon, ça il faut que je le fasse, j’ai de l’énergie je le fais tout de suite et après je n’y pense plus, je me fais plaisir donc je vais aller dessiner.
Globalement plutôt dessin le matin, et maintenant c’est plutôt…. d’ailleurs j’ai eu des grosses prises de conscience de réorganisation de mes mois. Je fais mon propre parcours de formation, en parallèle je veux progresser en dessin, et à côté de ça, il y a des commandes qui arrivent. Donc il faut que mes mois soient assez rythmés, et quand il n’y a pas de commandes il faut que je continue d’arriver à avancer sur ma formation. Donc là j’ai réorganisé en me donnant des objectifs mensuels. En début de semaine, je vois ce que j’ai vraiment envie de faire dans la semaine et après j’adapte en fonction des journées. Je ne sais pas si c’est hyper clair. Mais oui là je teste une nouvelle organisation qui soit plus, qui me permette de m’adapter à mon énergie du moment.

Développer sa créativité

Ce que j’aime dans les métiers créatifs comme le tien c’est qu’il y a ce côté hyper créatif, mais aussi devoir gagner de l’argent. Donc tu dois produire. Je crois que c’est Stephen King qui disait qu’il fallait se fixer des plages horaires et se forcer à être créatif pour muscler sa créativité.

C’est pas Bernard Werber aussi ?
Mais au final, vu que c’est des génies, ils ont ptet tous les mêmes techniques.

En fait, je l’ai lu dans Comme par Magie de Elizabeth Guilbert, l’auteur de Mange, Prie, Aime. Elle citait quelqu’un et je ne me souviens plus de qui elle cite. Mais bref, ma question c’est est-ce que toi tu es plutôt du genre à te donner des rendez-vous où tu vas créer ? Ou tu te dis plutôt on fera à l’inspiration et tu dessines n’importe quand ?

Alors ma règle d’or, c’est déjà de dessiner tous les jours. Donc, même si c’est que 10 minutes parce que je n’ai pas trop le mood. D’ailleurs maintenant j’arrête de me culpabiliser si je n’ai pas le mood, ce qui a été un gros pas. Parce qu’on nous apprend tous à être très productifs mais parfois bon…
En fait ça dépend, il y a des choses pour lesquelles je me donne des gros objectifs. En fait cette année, mon gros cap c’est de me construire un portofolio que je serai fière de montrer à une agence d’illustration. Donc je suis en train de définir des thématiques, donc je me donne un cadre : globalement il faut que je vienne créer de illustrations qui vont venir servir ces thématiques. Je me donne des objectifs mensuels d’avancer sur ce portfolio. Et à côté je m’autorise des récréations où je dessine pour totale plaisir et freestyle et il en ressort souvent des bonnes idées. On en parlait avec les Vitaminés : souvent l’inspiration vient un peu à des moments, de nulle part, quand tu vas marcher dehors, quand tu sors de ta douche… Donc il faut toujours avoir un petit carnet de croquis à côté ou un truc pour noter une idée. Souvent des idées qui me pop ce sont des idées de BDs ou de réflexions que j’ai envie d’illustrer. Donc je me donne des plages sur lesquelles j’avance sur mon portfolio, ça s’est plutôt organisé, on va dire. Le reste c’est plutôt intuitif et au final il en ressort des aussi bonnes idées voir parfois meilleures.

La recherche de son pourquoi

Tu as partagé il n’y a pas longtemps sur la recherche de ton pourquoi, est-ce que tu peux nous en parler ?

Je pense que les entrepreneurs, ou les créateurs en général ont tous des phases cycliques. On rencontre tous un peu les mêmes phases de création. Et en effet il y a un moment où il faut structurer. Et pour structurer, on te dit qu’il faut trouver ton pourquoi, parce que c’est ce qui va aussi servir et t’aider dans tes choix. En fait le pourquoi, parfois il est évident et tu ne le vois pas, parfois il est évident et tu l’as tout de suite, ou quand moi tu as globalement l’impression que tu as 10 milliards de pourquoi, tu ne sais pas le synthétiser, tu ne sais pas en choisir un. Donc pour trouver, il vaut mieux faire des choses et en faisant des choses tu vas t’en rapprocher.
Il y a justement un livre dont j’ai parlé sur mon compte Instagram sur trouver sa voie artistique. Pour le monde de l’illustration, il y a le fait de trouver son style et un peu ce qu’on a envie de raconter. Parce que derrière au final tu as ta mission, derrière ce que tu as envie de véhiculer. Elle utilise l’image d’une orbite et peu à peu tu t’en rapproches à force de dessiner. Et en fait ton style, et ta voix même parfois ton pourquoi, il peut évoluer. Tant que tu es dans l’orbite, tu gravites autour et ça ne va pas arrêter de changer et peu à peu tu t’en rapproches. Et j’aime bien cette idée qu’en faisant des choses je vais plus me rapprocher, et peut-être réussir un jour à le formaliser. Aujourd’hui il y a trop de choses qui me stimulent et me donnent envie de créer. J’aime beaucoup partager, je crois qu’un jour j’aimerai bien enseigner. Mais aujourd’hui je n’ai pas la prétention d’enseigner. Mais en tout cas j’aime bien partager mes connaissances. J’aime bien répandre des bonnes ondes, j’aime bien faire rire. Mon pourquoi je ne pense pas que ce soit change le monde, mais derrière il y a un peu de ça quand même. Trouver un art de vivre un peu plus en adéquation avec mes valeurs de fond et qui je suis.

Le développement de son activité indépendante

Vie professionnelle VS vie personnelle

Est-ce que tu arrives à séparer ta vie professionnelle et ta vie personnelle ? 

Je pense que j’ai un bon équilibre aujourd’hui. Est-ce que je n’y pense pas tout le temps, si. Mais on soit, ça ne me dérange pas. Tant que que ça ne vient pas me nuire, ça ne me dérange pas. À tel point que je ne sais plus ce qu’était ma vie sans le dessin. Pour recontextualiser, je me suis remise à dessiner j’avais 27 ans. Et aujourd’hui ça fait quand même partie intégrante de ma vie. En même temps, je kiffe tellement, je ne vois pas pourquoi totalement dissocier tant que tu as ton équilibre. Maintenant, je me réveille avec tellement la patate, j’ai trop hâte d’attaquer la journée et parfois, il y a eu des fois où je n’avais pas envie que le week-end arrive parce que j’aime trop ce que je suis en train de faire. Mais à côté de ça, c’est hyper important de préserver son cercle amical et tout. Je trouve qu’aujourd’hui j’ai plus d’énergie et de place mentale pour tout ça qu’auparavant. Avant mon métier était plus comme cheffe de projet, et quand tu es chef de projet, tu anticipes et tu corriges pas mal d’erreurs. Le fait d’être tout le temps dans le passé, correction des erreurs, et dans le futur, anticipation de tout ce qui peut arriver. À la fin, tu n’as plus de bande passante mentale. Notre cerveau continue quand même de travailler, même quand tu n’es pas assis à ton bureau. Au final aujourd’hui j’ai l’impression que j’ai plus de bande passante mentale et donc du coup, j’arrive mieux à dissocier les deux ou à trouver cet équilibre.

Moment de joie, fierté et inspiration

C’est quoi la plus grande fierté dans ton business ?

Waouh. La première fois où j’ai fait une commande. En fait c’était tellement concret, que ça m’a rempli d’une énorme fierté. Je me suis dit waouh en fait ça y est, j’ai trouvé mon truc. Sinon globalement, d’être sûre d’avoir trouvé ma voie, ou en tout cas mon moyen de communication. C’est clair que c’est énorme.

C’est quoi le truc le plus compliqué que tu aies vécu professionnellement ?

Bug. Je confirme, j’adore ce que je fais. Je suis convaincue d’être au bon endroit. Mais ce n’est pas forcément un chemin facile, tu te remets en question sans cesse. Il y a vraiment des phases. Bon, c’était déjà un projet que j’avais enclenché dans ma tête avant, mais depuis septembre, je n’ai pas énormément d’expérience ; mais cycliquement tu as quand même des phases qui ne sont pas cools. Où tu n’as plus d’inspiration, au point que tu te forces un peu à dessiner. Ça ne m’était pas encore arrivé et ça m’est arrivé une fois, il y a eu le moment où je me suis dit : « Là je crois que je n’aime plus trop dessiner. » Pour que je me dise ça, waouh, pas cool du tout. Il y a des phases pas cool où tu vas te remettre en question. Et j’en parlais avec une amie illustratrice, elle m’a dit « Olala, bienvenue dans la vie de freelance. Je vois très bien le genre de phases dont tu es en train de parler. » Ne force pas le truc, il vaut mieux soit faire autre chose de plus concret style mettre à jour ton site, ou créer des posts qui était déjà prêts … Des choses cools productives, que tu dois faire mais qui te demandent moins de créativité. Ou de faire une pause totale, faire des choses qui te font plaisir et sortir. Gérer les moments de coups de mou, coups de blues, remises en question, doutes, peurs, ça c’est un truc que j’ai bien appris. Ce sont des moments pas cools dont on préfèrerait se passer mais au final il en ressort du bien parfois. Même tout le temps.

Comment tu fais pour cultiver la joie dans ton quotidien ?

J’avais beaucoup aimé ton podcast là dessus. Ça me fait penser à une anecdote. Dans mon job antérieur, j’avais eu l’opportunité d’aller au Japon pour voir la filiale japonaise. Là tu te dis : « mais de quoi elle me parle ça n’a rien à voir avec la question ». Mais si je vais y venir.
C’était un moment WTF de ma vie où j’étais toute seule à me balader au Japon. Et le Japon ça te fout tellement une baffe culturellement. J’avais pas internet, j’étais perdue dans la grande rue de Ginza, et là il y a quelqu’un qui vient me parler. Pour me dire : « Bonjour, est-ce que je peux vous prendre en photo et est-ce que vous pouvez me donner la définition du bonheur ? »
Et je me suis dit : « Waouh la question tellement profonde. » Et là du coup tu me poses cette question, ça me fait penser à cette anecdote. Je ne sais plus ce que je lui avais balancé, j’étais tellement choquée qu’il me pose cette question. C’est un photographe qui fait des portraits de gens avec leur définition du bonheur et c’est super cool ce qu’il fait.

Mais globalement j’avais répondu : des nouvelles expériences. Mais maintenant pour cultiver quotidiennement la joie. Franchement, forcément il y a le dessin mais le dessin en mode récréation, où ça me fait trop kiffer, je n’utilise pas mon mental. Soit ce sont des trucs qui me passent par la tête et je dessine sans prise de tête. Aller marcher, je me suis rendue compte que c’est un truc qui me fait vachement de bien. Parfois je dois me botter les fesses pour y aller, mais plus trop maintenant.
La danse aussi, c’est quelque chose que j’ai toujours kiffé et cette année je me suis mise au roller-dance. Je n’ai pas encore un super niveau, mais je m’éclate quand même. J’aime bien cuisiner. Mais réussir à prendre le temps de cuisiner, ça c’est déjà un truc, et une fois que je cuisine ça ne me dérange plus trop. Évidemment surtout voire mes potes, et cette année on en est terriblement frustrés. Voir mes potes et ma famille c’est tellement important. Être en Bretagne, mais ça ce n’est pas forcément un truc qu’on peut faire au quotidien. Je pense qu’il y a beaucoup d’autres choses mais en général je ne sais pas répondre à chaud comme ça.

T’as quand même répondu pas mal de trucs. Est-ce que tu aurais des conseils à donner pour quelqu’un qui veut se lancer en indépendant, en graphiste à temps plein, illustratrice à temps plein ?

De se lancer. C’est bien de se poser des questions. Évidemment il faut minimiser les risques. Parce que ça j’en ai pas trop parlé, mais l’année précédente, avant de se dire tu quittes un CDI, en plus on rentrait dans une phase de grosse incertitude économique, tu te demandes si c’est le bon moment de se lancer. Après il n’y aura jamais de bon moment. Et en fait si toi ça te prend les tripes, vas-y quoi ! Et en fait tu vas te rendre compte qu’en faisant les choses, y a des choses qui vont se provoquer, que tu n’avais pas du tout anticipé, et des bonnes choses. Et en fait quand tu fais les choses avec de la joie, de la passion, il en sort forcément des trucs cools. Moi mon gros truc c’est de me dire que l’énergie appelle l’énergie, et ça n’a jamais été aussi vrai que depuis que je me suis lancée et c’est un truc que j’essaie de me rappeler quand je pose trop de questions au point de me bloquer et de ne pas avancer. Après, ça ne va pas être un chemin facile donc il faut bien s’entourer aussi. Il faut qu’il y ait des gens autour de toi qui croient en ton projet. Ça va bien se passer, il faut être patient. Ça va bien se passer.

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Les liens de Maud


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